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Yuccas, ficus, fougères… Depuis plusieurs années on les retrouve dans nos habitations, bureaux ou lieux publics, ces plantes font partie des plus vendus en jardineries avec comme message : assainir l’atmosphère de votre environnement intérieur. L’argument a fait fleurir le commerce, et aujourd’hui nous nous intéressons sur l’efficacité réelle de ces plantes.
Tout d’abord, nous tenons à souligner que les plantes présentent bien un effet dépolluant. Des tests en laboratoire ont montrés que ces organismes réussissent à capter du monoxyde de carbone, du benzène et du formaldéhyde.
La dépollution s’effectue par de minuscules orifices situés à la surface des feuilles et des cuticules. Mais aussi de manière non négligeable par les micro-organismes présents dans la terre servant de substrat des plantes.
Une étude de la Nasa, datant maintenant de plus de 30 ans, a d’ailleurs démontré que les plantes pouvaient éliminer le formaldéhyde et certains Composés Organiques Volatils COV présents dans l'air. Cependant, il faut bien signaler que l'étude n'a pas été réalisée dans des conditions correspondant à des environnements représentatifs que l’on retrouve dans notre quotidien, que ce soit chez soit, au travail, à l’école ou dans les transports.
Maintenant que nous savons que ces plantes présentent un effet sur les polluants, il vient à se poser la question de l’efficacité de purification sur les concentrations de polluants retrouvés dans des espaces intérieurs occupés et vivant à contrario d’une étuve en laboratoire. Il a été démontré que les plantes dépolluent effectivement, mais à très faible concentration et à très courte distance (quelques dizaines de centimètres autour de la plante). De plus, les études scientifiques ne permettent pas de conclure sur le fait que les végétaux jouent un rôle dans l’élimination des polluants émis par des sources réelles dans des conditions réalistes de ventilation et d’occupation quotidienne.
Pour réellement dépolluer l’air, il faudrait placer plusieurs centaines voire milliers de ces plantes dans un espace donné, tout en respectant un bon positionnement des plantes puisqu’il faut prendre en compte la circulation de l’air, les flux associés aux usages (ouverture des portes, aération en ouvrant les fenêtres...) et l’accès à la luminosité. De plus, les plantes demandent un entretien constant.
Et même avec un grand nombre de plantes dans une pièce, différents déploiement ont montrés que l’effet des plantes sur l’élimination des polluants était grandement inférieur à celui permis par les systèmes de ventilation.
L’usage de plantes en air intérieur à une vocation de bien être, de végétalisation des espaces et non de purification de l’air intérieur. Nous le voyons notamment dans les objectifs de la certification WELL dont un des objectifs demande de couvrir 1% de la surface intérieur en plantes. Cet objectif fait partie de la catégorie “esprit” et non de la catégorie “air”.
En conclusion, il n’y a pas de mal à installer des plantes, toutefois il ne faut pas en attendre trop d’un point de vue élimination des polluants de l’air.
Nous constatons un certain amalgame depuis quelques mois avec la sortie sur le marché de solutions permettant d’éliminer le CO2 dans les espaces intérieurs. Nous rappelons que la mesure du CO2 en air intérieur sert d’indicateur du taux de renouvellement de l’air. Si l’on élimine ce CO2, on perd cet indication et il n’est donc plus possible d’agir pour permettre l’élimination des autres polluants de type COV Composés Organiques Volatils ou particules fines.
De plus, il ne faut pas confondre les données liés aux émissions en CO2 gaz à effet de serre. Cette concentration de CO2 émise par les activités humaines contribue au changement climatique avec l’augmentation des gaz à effets de serre.
Tandis que la concentration de CO2 émise par la respiration humaine qui, elle, est compensée par notre alimentation provenant notamment de fruits et de végétaux ayant absorbés du CO2 durant leur croissance représente un équilibre naturelle.
Respirer émet bien du CO2, mais n’a pas d’impact sur le réchauffement climatique contrairement aux activités humaines utilisant des combustibles fossiles. Lorsque l’on élimine le CO2 dans des espaces intérieurs émis par les occupants on n’agit pas sur la diminution des gaz a effets de serre.
Crèdit photo : brina blum